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La France a-t-elle besoin d’autant de CRS ? réveillez-vous ! Le coin de presse

  A lire cette semaine dans Marianne : « Apostrophe à l'opposition républicaine, réveillez-vous ! »

 (Dessin : Louison)

 

La France a-t-elle besoin d’autant de CRS ?

Des villes vont perdre leurs CRS, les syndicats protestent. Mais les coupes budgétaires d’Hortefeux renvoient au vieux débat sur l’utilité de ces troupes.


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Les CRS n’ont pas le droit de grève. Alors pour protester, ils se font porter pâle. C’est le cas à la compagnie de Sainte-Foy-les-Lyon où 90% des troupes se sont mises en arrêt maladie. A la Rochelle, Strasbourg et même à Marseille (qui compte trois compagnies ) les CRS sont aussi menacés. Mercredi, Brice Hortefeux, devant le syndicat Unité SGP Police, a confirmé qu’il existait des « études en cours » sur la fermeture de la compagnie de Sainte-Foy-les-Lyon et d'une compagnie à Marseille. Les CRS pourraient alors rejoindre les commissariats. En revanche, il a parlé de « rumeurs infondées » pour les autres fermetures. Des annonces pourraient être faites le 1er février. La Direction centrale des CRS compte 14 000 fonctionnaires et est divisée en 61 compagnies.

Sept escadrons de gendarmerie mobile pourraient aussi fermer cette année notamment à Narbonne après les huit supprimés en 2010. C’est donc toute une restructuration de troupes chargées du maintien de l’ordre (émeutes urbaines, encadrement des manifestions...) qui se prépare. Un paradoxe pour un ministre et son chef de l’Etat qui ont fait de la répression de la violence une marque de fabrique. Mais Brice Hortefeux avait signalé dès vendredi 21 janvier : « Il n'y aura pas d'amputation mais un redéploiement ».

Les syndicats s’opposent bien sûr à ces coupes budgétaires. Joint par Marianne2, Didier Mangione, chargé des CRS au syndicat Unité SGP Police, rappelle que les CRS ont perdu 1 300 postes depuis 2007 à cause de la RGPP.  La méthode choque aussi. « La nouvelle est tombée comme un couperet », affirme Didier Mangione. Idem du coté politique, Jean-Jacques Urvoas, secrétaire national à la sécurité du PS, affirme à Marianne2 que Brice Hortefeux a assuré aux députés que les CRS ne seraient « pas touchés » par la rigueur. Pour l’heure, peu de détails ont filtré sur cette réforme qui doit débuter le 1er février. Ce sera la première fois depuis 1944, date de création des CRS, que des compagnies sont purement et simplement fermées. « On supprime des escadrons de gendarmerie mobile, des compagnies de CRS mais qui va faire notre métier ? », demande Didier Mangione.

Les CRS n'ont plus le monpole de la matraque
Là est le problème, sans adhérer aux coupes d'Hortefeux, on peut se poser des questions sur la plus-value apportée par les CRS. Hormis les gendarmes mobiles, d’autres unités de police s'occupent (entre autres) de maintien de l’ordre comme les compagnies départementales d’intervention (CDI) mais parfois aussi  les brigades anti-criminalité (BAC). Nicolas Sarkozy, en tant que ministre de l’Intérieur puis chef de l’Etat, a lui-même lancé les compagnies de sécurisation (CS) en 2003.  D'ailleurs, les CDI, CS et BAC départementales sont en voie d'être regroupées dans une nouvelle unité : les compagnies de sécurisation et d'intervention.

Plus récemment, a été créé à Grenoble suite aux émeutes qui ont frappé la ville, l’UMIR (Unité mixte d’intervention rapide), elle regroupe des gendarmes, des policiers de la BAC et des compagnies d’intervention… mais pas de CRS. « Les médias se trompent parfois, tout ce qui a un casque et un bouclier n'est pas forcément un CRS », précise Didier Mangione. A l’inverse, les CRS ne sont pas toujours derrière un bouclier dans les manifestations. Ils s’occupent aussi de la police de la route et même de sauvetage en mer et en montagne. « Le problème, c’est que le maintien de l’ordre est devenu une infime partie des missions des CRS », ajoute le syndicaliste.

 
Pourtant, la compétence spécifique des CRS en matière de maintien de l'ordre reste reconnue. « Lors de nos interventions, il y a eu zéro mort (…) Charonne, ce n’est pas nous », rappelle Didier Mangion. Lors de ce tragique événement, ce sont en effet les compagnies d’interventions de la préfecture de police de Paris qui étaient principalement en cause. Il cite aussi la mort de Malik Oussekine lors du mouvement étudiant de 1986, là, c’était les « voltigeurs » de Charles Pasqua qui étaient impliqués.

 

Pour le syndicaliste, les CRS sont donc les mieux à même de prévenir et réprimer les émeutes : « Chacun son métier, les BAC, c’est plus les interpellations en flagrant délit ». Il pointe alors la contradiction des discours politiques : « On nous dit "vous êtes bons mais vous allez disparaître" ». Même son de cloche au PS, Jean-Jacques Urvoas signale que « lorsqu’il y eu des accidents avec des flashs-balls, cela ne venait pas des CRS ». et se dit « attaché à la vocation première des CRS ».


Déjà des critiques en 1998
Mais la question de la pertinence des CRS et aussi des gendarmes mobiles ne date pas d’hier. Un rapport de 1998 posait déjà le problème. Face à des effectifs trop nombreux par rapport aux autres unités des forces de l'ordre, le rapport proposait de réduire le nombre de compagnies et d'escadrons. Des coupes qui auraient permis de « transformer une partie des CRS en unités départementales » capables de s'adapter à des missions locales, et de « dissoudre quelques escadrons de gendarmes mobiles au profit de la gendarmerie départementale ». En clair, reconvertir les gros bras de police et de la gendarmerie vers un travail de police plus « classique ».

Ce débat avait lieu en pleine mise en place de la police de proximité, il fallait alors trouver des personnels pour aller dans les banlieues. Et à l'heure où se repose la question de l'implantation de la police dans les quartiers, il reste pertinent. Car si les CRS sont donc utiles dans leur tâche, certains n'écartent pas toute réforme du corps dans le cadre d'une réforme générale des forces de l'ordre. « Je fais la distinction entre la nécessité d’avoir une force de maintien de l’ordre et la doctrine d’emploi des CRS », estime Jean-Jacques Urvoas notant égalent la grand diversité des tâches assumées par les CRS. Il admet que « le redéploiement police-gendarmerie est un moyen de faire un état des lieux » des troupes en présence.

Enclenché depuis 2002, ce redéploiement se fait dans le cadre du passage de la gendarmerie sous la tutelle du ministère de l’Intérieur et du rapprochement des deux forces. Mais il est aussi l’occasion de suppression de postes. « Le cadeau dans la corbeille de la mariée »,  ironise Didier Mangione. Dernier exemple : la crainte des syndicats au sujet d’une possible fermeture du commissariat de Libourne. Sans parler des 3500 postes en moins dans la police d’ici trois ans. Les suppressions de postes chez les CRS auraient pu permettre de déshabiller Pierre pour habiller Paul. Mais Brice Hortefeux a choisi de déshabiller les deux. Au détriment de la sécurité  ?

Vendredi 28 Janvier 2011
Tefy Andriamanana - Marianne


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