«Je propose qu'il y ait un grand débat national, un pacte national entre le pouvoir
et l'opposition avec les partenaires sociaux parce que cette question-là va concerner plusieurs gouvernements, plusieurs majorités dans les années qui viennent ». C’était en
janvier dernier sur France 2. Manuel Valls avait suscité l’émoi de certains de ses petits camarades socialistes en appelant de ses vœux ce « pacte
national » sur la question des retraites. Une « absurdité » avait alors jugé sur Marianne2
Marie-Noëlle Lienemann : « Il n’y a pas eu de « pacte national » sur notre modèle social, même sous de Gaulle. Quand la sécurité sociale a été votée,
il faut avoir en mémoire qu’une partie de la droite a voté contre. »
Où en est-il aujourd'hui ce « pacte
national » que voulait tant le député-maire d’Evry ? Invité d’Europe 1 , ce matin, Manuel Valls, entre douze phrases sur « l’injuste » réforme pondue par Eric Woerth, a bien dû se rendre à l’évidence que « ce débat n’a pas eu lieu véritablement », que « le pouvoir n’a pas
voulu de ce pacte national » et qu’« il y a aujourd’hui incontestablement un passage en force ». Mais cette proposition de « pacte national » n’était pas seulement naïve (comment croire que Nicolas
Sarkozy et son gouvernement pouvaient agir dans la concertation et le consensus ?). Elle a aussi participé, à sa manière et à son échelle, au grand concert de
vuvuzuelas (semblable à celui donné par les médias et les responsables politiques au moment du référendum de 2005 sur le TCE) sur la nécessité de cette réforme des retraites. Un
concert qui s’est joué toujours et encore avec le même grand absent : l’emploi. S’il devait y avoir un « pacte national »,
c’est bien sur ce sujet. C’est la lutte contre le chômage de masse et le sous emploi généralisé, et pour la relocalisation de nos entreprises, principalement, qui sauvera notre
régime des retraites.
Mais au moins peut-on
reconnaître une certaine lucidité à Manuel Valls. Aujourd’hui, en tout cas, plus qu’en janvier dernier : « Je crains que cette réforme soit inefficace, qu’elle soit là
uniquement pour 2012, pour faire la démonstration que le Président de la République réforme et pour rassurer les marchés ». Bien vu, mais trop tard…