DSK et Pascal Lamy au sommet du monde
C’est un des paradoxes les plus révélateurs sur ce que pensent réellement les
dirigeants socialistes. Les dirigeants de l’Organisation Mondiale du Commerce et du Fonds Monétaire International, les deux organisations qui poussent le plus l’agenda néolibéral
de déréglementation monétaire, commerciale et financière sont aujourd’hui deux « socialistes » Français. Mardi à Vancouver, ils ont essayé de défendre leur bilan auprès de la confédération syndicale
internationale.
Il est piquant de constater que, pour le monde syndicaliste « FMI et OMC
sont en effet suspectés, accusés même, de promouvoir des politiques de restriction budgétaire et d’organiser une mondialisation qui s’accompagne de dérégulation et de réduction
des droits sociaux ». DSK, qui avait allégé la fiscalité sur les stocks options alors qu’il était ministre, a demandé « une taxation sur les profits, les bonus
et les hautes rémunérations », proposition bien vague.
Le directeur du FMI a défendu les plans de rigueur avec une image habile :
« Il y a deux ans, la maison brûlait alors les pompiers ont utilisé beaucoup d’eau, a-t-il déclaré. Maintenant, la maison est inondée. Il faut donc éponger la
dette. » Il s’est opposé à une taxation des transactions financières, soutenue par les syndicalistes, qui y voit une réforme structurante qui diminuera la spéculation,
plaidant plutôt pour une taxe sur les profits, sorte d’assurance pour les prochaines crises.
Les avocats dogmatiques de la mondialisation néolibérale
Il est pour le moins paradoxal de constater que des « socialistes »
s’opposent à une taxation sur les transactions financières à un moment où même les dirigeants européens poussent cette idée. Contrairement à ce que dit DSK, le point n’est pas
technique. Une taxe sur les profits ne consiste qu’à créer un fonds de prévention et n’a aucune dimension structurante. Une taxe significative sur les transactions financières
(0.1 à 1%) aurait le double avantage d’équilibrer la fiscalité et dégonfler la spéculation.
Alors que Pascal Lamy récitait sa bible libérale dans une interview dans
le Monde, affirmant que « les pays les plus
pro-mondialisation sont les pays les plus pauvres », le dialogue avec les syndicats le ramenait à la réalité. Un délégué du Nigéria a réfuté cet argument en affirmant
que « le libre-échange s’accompagnait toujours de déréglementation et la perte des emplois se faisait sous la bannière de l’OMC ». Un membre de FO a dénoncé
l’alignement des politiques sociales nationales aux conditions du marché.
Enfin, le vice-président allemand de la CSI, Michael Sommer,
s’est demandé : « Pourquoi la réglementation des marchés financiers prend-elle tellement de temps – des années – quand le déblocage de sommes considérables pour les
banques ou pour un programme du FMI ne demande qu’une semaine ? ». De la sorte, il souligne toutes les incohérences de ces socialistes toujours plus prompts à défendre
les banques ou les dogmes néolibéraux que les intérêts des classes populaires.
En 2012, même s’il semble aujourd’hui bien placé, DSK ne sera que le candidat d’une
alternance de plus, le nouveau représentant (plus présentable) de la politique qui échoue depuis tant d’années. Les Français devront chercher ailleurs pour trouver une
alternative.