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Montebourg révolutionnaire !!!- le coin de presse

mariane.pngcoin de presse

Montebourg, hollandiste révolutionnaire mais loyal

Arnaud Monterbourg a tenu sa promesse lancée lors de la campagne des primaires : structurer son courant dans un mouvement qui a été porté sur les fonds baptismaux aujourd'hui même.



Montebourg, hollandiste révolutionnaire mais loyal
Ca pourrait presque s'appeler du « hollandisme révolutionnaire » (1). En réunissant plus de 600 afficionados - le service de sécurité a refoulé du monde - à la Belleviloise, à l'occasion de la création de son mouvement la Rose et le reseda (c'est le nom d'un poème d'Aragon écrit pendant la résistance), Arnaud Montebourg s'est d'abord montré un soutien loyal du candidat socialiste, dont il a fait applaudir le nom au moins quatre fois durant son speech.
Mais il s'est efforcé de donner un contenu un peu décalé à son hollandisme électoral, exhortant les personnes présentes à ne pas se contenter de regarder le match électoral à la télévision, à changer la société maintenant, dans leur voisinage et dans leur vie afin d'inaugurer « un nouveau cycle politique ». Il a dénoncé ceux qui se contentent d'appeler les contribuables et les salariés transpirer pour une amélioration du ROE, le bien mal nommé Return on equity (sifflets dans la salle). Il a lu in extinso la chanson des filles de Lejaby qui ont détourné le poème de Boris Vian le déserteur. Une féministe membre de Parole des Femmes a évoquée le sujet, qui est intervenue en vedette américaine, en compagnie d'un banquier« progressiste », Arié Flack de la Compagnie financière du lion, spécialisée dans le conseil aux entreprises, de Malek Bouthi, rallié récent au moutebourisme et de la désormais fidèle Christiane Taubira.

« Quand je suis entré dans leur usine, a-t-il poursuivi, elles criaient "Fabriquer français, frabriquer français!" Etaient-elles xénophobes ? Non ! » Des mots qui auraient été difficiles à prononcer voici encore cinq ans dans une assemblée de gauche où il était de bon ton de brocarder encore le « produisons français » de Georges Marchais. Montebourg a ensuite évoqué le discours qu'a tenu récemment Obama aux patrons de mutinationales américaines, les enjoignant de rapatrier leur production aux Etats-unis. Il a cité, pour montrer que la démondialisation progressait à pas de géants, la décision conjointe des présidentes brésiliennes et argentines - « à l'échelle de l'Amérique Latine, c'est comme s'il s'agissait de l'Allemagne et de la France » - de taxer à plus de 35% tous les produits d'importation.
Revenant au cas Lejaby il a déclaré que Sarkozy s'était décidé à exiger de LVMH que le groupe fasse quelque chose pour ces ouvrières après qu'il se soit rendu dans leur usine.« Si c'est comme ça, je vais aller ailleurs dans d'autres usines en difficulté » a-t-il lancé avec des accents qui rappellent la façon dont les orateurs brésiliens chantent leurs discours. Il a aussi évoqué un rapport de la commission européenne qui dénonçait - en les regrettant, hélas - 474 mesures de restrictions commerciales, signe qu'un nombre croissant de pays ont choisi de défendre l'emploi dans leurs territoires au détriment du libre-échange intégral.



Photo DR
Arnaud Montebourg s'est ensuite moqué des derniers convertis au protectionnisme européen, Christian Estrosi et Laurent Wauquiez, montrant qu'il y avait désormais une fracture ouverte au sein du gouvernement sur ce sujet. Il devait penser que ces deux ténors u sarkozysme, au moins osaient prononcer le mot, ce qui n'est pas encore le cas au PS où on lui préfère celui de « juste échange », plus euphémistique. Mais cela eut été du hollandisme trop révolutionnaire. Alors Arnaud Montebourg s'est abstenu, préférant rappeler qu'en désignant le monde de la finance comme son ennemi lors de son discours du Bourget, François Hollande avait visiblement retenu quelque chose du thèses montebouriennes durant les primaires socalistes.
Il aurait pu aussi titiller les hollandistes sur leur conception de la séparation entre banques de dépots et banques d'affaires, tant il est vrai qu'après échange de notes entre les technos hollandistes et montebouriens, il appraît que la conception du candidat semble encore bien timorée, prenant pour argent comptant la promesse (d'ivrogne ?) des banquiers d'élever une muraille de Chine entre le crédit et la spéculation.
Mais Arnaud Montebourg a fait un choix, celui de l'allié interne loyal et unitaire. Il sait trop bien à quel point tout un électorat fatigué par cinq années de sarkozysme ne pardonnerait pas la moindre fausse note sur le chemin de la victoire à l'élection présidentielle. Son mouvement, la rose et le reseda, a-t-il précisé, ne sera ni un parti ni un courant ni une chapelle. La définition est donc restée négative. Que fera-t-il ? Du réseautage, des débats, des textes, on verra...
On ne le prendra donc pas en défaut sur le terrain de l'union. Citant un poète anglais - « Veillez à ce que vos rêves soient grands, pour qu'il en reste quelque chose! »- Arnaud Montebourg a conclu en appelant les participants à faire du porte à porte, à éteindre la télévision chez les gens qu'il allaient visiter. Mais à bien regarder le look plutôt bobo des participants, on n'avait pas l'impression qu'il prendraient le RER pour rentrer chez eux. Peu importe, il ne faut pas désespérer la rue Oberkampf, dont le poids électoral est désormais plus important que celui de Billancourt...

(1) La formule est d'Emmanuel Todd, l'un des intellectuels qui, avec Jacques Sapir, Cynthia Fleury et Hakim El Karoui, soutient Montebourg et devrait participer à son think tank.


Samedi 4 Février 2012
Philippe Cohen

 

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