Arnaud Montebourg s'est ensuite moqué des derniers convertis au protectionnisme européen, Christian Estrosi et Laurent Wauquiez, montrant qu'il y avait désormais une fracture ouverte au sein
du gouvernement sur ce sujet. Il devait penser que ces deux ténors u sarkozysme, au moins osaient prononcer le mot, ce qui n'est pas encore le cas au PS où on lui préfère celui de « juste
échange », plus euphémistique. Mais cela eut été du hollandisme trop révolutionnaire. Alors Arnaud Montebourg s'est abstenu, préférant rappeler qu'en désignant le monde de la finance comme
son ennemi lors de son discours du Bourget, François Hollande avait visiblement retenu quelque chose du thèses montebouriennes durant les primaires socalistes.
Il aurait pu aussi titiller les hollandistes sur leur conception de la séparation entre banques de dépots et banques d'affaires, tant il est vrai qu'après échange de notes entre les technos
hollandistes et montebouriens, il appraît que la conception du candidat semble encore bien timorée, prenant pour argent comptant la promesse (d'ivrogne ?) des banquiers d'élever une muraille
de Chine entre le crédit et la spéculation.
Mais Arnaud Montebourg a fait un choix, celui de l'allié interne loyal et unitaire. Il sait trop bien à quel point tout un électorat fatigué par cinq années de sarkozysme ne pardonnerait pas
la moindre fausse note sur le chemin de la victoire à l'élection présidentielle. Son mouvement, la rose et le reseda, a-t-il précisé, ne sera ni un parti ni un courant ni une chapelle. La
définition est donc restée négative. Que fera-t-il ? Du réseautage, des débats, des textes, on verra...
On ne le prendra donc pas en défaut sur le terrain de l'union. Citant un poète anglais - « Veillez à ce que vos rêves soient grands, pour qu'il en reste quelque chose! »- Arnaud
Montebourg a conclu en appelant les participants à faire du porte à porte, à éteindre la télévision chez les gens qu'il allaient visiter. Mais à bien regarder le look plutôt bobo des
participants, on n'avait pas l'impression qu'il prendraient le RER pour rentrer chez eux. Peu importe, il ne faut pas désespérer la rue Oberkampf, dont le poids électoral est désormais plus
important que celui de Billancourt...
(1) La formule est d'Emmanuel Todd, l'un des intellectuels qui, avec Jacques Sapir, Cynthia Fleury et Hakim El Karoui, soutient Montebourg et devrait participer à son think tank.